Yeshoua portait-il des téfilines ?
Dans Matthieu 23:5, Yeshoua critiquait les scribes et les pharisiens pour la façon dont ils obéissaient aux commandements.
Mattityahu (Matthieu) 23:5
5 Ils font toutes leurs actions pour être vus des hommes. Ainsi, ils portent de larges phylactères, et ils ont de longues franges à leurs vêtements.
Ils portent leurs phylactères (téfilines), « pour être vus des hommes ». Cela signifie que leur but était d’impressionner les hommes plutôt que d’obéir à Elohim.
Cependant, il existe une multitude d’interprétations pour ce passage, nous devons donc nous demander si Yeshoua portait également des téfilines (phylactères) ? Et si nous devrions en porter aujourd’hui ?
Pour répondre à ces questions, étudions le sujet des téfilines (phylactères) par étape, pour bien comprendre ce qu’elles sont.
Parlons maintenant des téfilines à l’ère du Second Temple
A l’époque du Second Temple, les synagogues étaient considérées comme des centres d’étude et de culte communautaires. Les synagogues n’ont jamais cherché à reproduire les services du temple tant que le Second Temple était encore debout.
Certains rabbins croyaient que la prière récitée par cœur était une bonne chose, mais ils étaient en minorité. L’opinion majoritaire était que la prière par cœur et les formats rigides étaient mauvais. Yeshoua était aussi contre les prières par cœur, disant que seuls les « païens » priaient en utilisant de vaines répétitions par exemple, dans Matthieu 6:7.
Cependant, les choses ont changé après la destruction du Second Temple. Puisque le service du temple n’était plus là, certains rabbins ont essayé de reproduire le service du temple dans les synagogues (car peut-être pensaient-ils que ce serait un facteur de stabilisation pour la nation). C’est dans cet esprit que Rabban Gamaliel II fixa les paroles de la Amidah, et la rendit obligatoire pour tous les Juifs trois fois par jour. La Amidah, ce sont ces fameuses prières récitées par cœur. Les téfilines ont également été rendus obligatoires, mais uniquement durant la semaine et pas le samedi.
Cependant, rappelons-nous qu’à l’époque de Yeshoua, le contenu de la Amidah n’était pas encore fixé, et ni la Amidah ni les téfilines n’étaient considérés comme obligatoires.
Parlons à présent des preuves archéologiques des Téfilines
Il y a un vieil adage qui dit de « bien considérer la source de nos croyances ».
Le judaïsme rabbinique nous dit que Mosheh (Moïse) a commencé à porter des téfilines dans le désert du Sinaï, et que les téfilines ont été continuellement utilisés depuis. Cependant, les preuves archéologiques ne soutiennent pas cette affirmation.
Les premiers téfilines connus ont été trouvés parmi les manuscrits de la mer Morte. Les archéologues les ont datés peut-être dès le 1er ou le 2ème siècle avant notre ère, c’est-à-dire jusqu’à 100 ou 200 ans avant Yeshoua (mais pas avant). Cela indique que les téfilines n’étaient pas utilisés à l’époque de Mosheh, ni même à l’époque des rois David ou Salomon.
Fait intéressant, les téfilines de Qumrân étaient beaucoup plus petits que les téfilines modernes. Et d’autre part les téfilines retrouvés à Qumran contenaient des textes différents de ceux que les rabbins portent aujourd’hui. Comme nous le verrons, certains érudits pensent qu’ils étaient plus petits car ils étaient destinés à être portés toute la journée comme des amulettes (porte-bonheur). Dans la compréhension chrétienne et nazaréenne, les amulettes et autres porte-bonheur sont considérés comme idolâtres, car nous ne mettons pas notre foi dans des objets, nous mettons notre foi dans Yahweh uniquement. Mais les juifs orthodoxes ne les considèrent pas comme de l’idolâtrie. Pour comprendre pourquoi les juifs pensent de cette façon, étudions les téfilines, en commençant par la version standardisée moderne.
Pour comprendre d’où viennent les anciens téfilines, regardons d’abord les téfilines modernes. Les téfilines modernes se composent de deux ensembles de boîtes noires avec des sangles ou des lanières. Une case est pour le bras gauche et l’autre pour le front. Chaque boîte contient quatre citations bibliques qui traitent de l’attachement ou de la pose d’un signe sur la main, et soit d’un mémorial, soit de fronteaux entre nos yeux.
La première citation est Exode 13:9.
Shemote (Exode) 13:9
9 Et cela sera pour toi un signe (oth) sur ta main et un mémorial (zikrown) entre tes yeux, afin que la loi de Yahweh soit en ta bouche : car Yahweh t’a fait sortir d’Égypte à main forte.
Le mot signe est oth ( אוֹת ), et le mot mémorial est zikrown ( זִכָּרוֹן ). Zikrown cela vient de la racine Zakar, et cela veut dire “se souvenir de, rappeler, ramener à l’esprit”.
La deuxième citation est Exode 13:16. Le mot signe est toujours oth ( אוֹת ), mais le mot fronton est totafot ( טוֹטָפֹת ).
Shemote (Exode) 13:16
16 Et cela sera pour toi un signe (oth) sur ta main et un fronteau (totafot) entre tes yeux, car c’est à main forte que Yahweh nous a fait sortir d’Égypte.
La signification du mot totafot est contestée. La concordance de Strong nous dit que cela vient d’une racine du sens d’entourer ou lier. Cependant, nous devons souligner que si Strong est une bonne concordance, ce n’est pas un bon dictionnaire, puisque nombre de ses définitions sont tirées du judaïsme rabbinique.
Le troisième verset est Deutéronome 6:8. Le mot signe est oth ( אוֹת ), et le mot fronton est aussi totafot ( טוֹטָפֹת ).
Devarim (Deutéronome) 6:8
8 Et tu les attacheras sur ta main pour te servir de signe, et ils seront comme un fronteau entre tes yeux.
Le dernier verset est Deutéronome 11:18. Le mot signe est oth ( אוֹת ), et le mot fronton est aussi totafot ( טוֹטָפֹת ).
Devarim (Deutéronome) 11:18
18 Placez donc ces paroles que je vous dis sur votre cœur et sur votre âme ; vous les lierez comme un signe sur vos mains, et elles seront comme des fronteaux entre vos yeux ;
Chacun de ces quatre versets parle de lier ou d’attacher les paroles de Yahweh. Cependant, la question est de savoir si Yahweh veut dire cela littéralement, ou s’il utilise une métaphore (une figure de style).
Littéral ou métaphorique ?
Historiquement, les chrétiens interprètent les commandements sur les téfilines comme des figures de style, mais les chrétiens sont tristement célèbres pour avoir « spiritualisé » tous les commandements. D’un autre côté, nos frères orthodoxes estiment que ces paroles doivent être remplies littéralement. Cependant, alors que la branche orthodoxe de Juda accomplit le côté physique des commandements, il laisse souvent le côté spirituel à l’abandon comme le leur reprochait le Messie.
Mattityahu (Matthieu) 23:23
23 Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! Parce que vous payez la dîme de la menthe, de l’aneth et du cumin, et que vous laissez ce qui est plus important dans la loi, la justice, la miséricorde et la fidélité : c’est là ce qu’il fallait pratiquer, sans négliger les autres choses.
Cette différence entre le judaïsme et le christianisme est une clef pour comprendre le chemin étroit. Si le judaïsme tombe dans l’extrême d’accomplir les commandements de façon purement physique sans l’Esprit et si le christianisme tombe dans l’autre extrême de spiritualiser tous les commandements et donc ne les font plus physiquement, nous autres Nazaréen nous ne devons pas tomber dans ces voies sans issue. Nous devons faire les commandements physiquement, mais également comprendre leur portée symbolique et spirituelle.
Ce que nous devons savoir maintenant, c’est est-ce que Yeshoua a compris ces commandements littéralement ou comme une métaphore ?
Il semble que ces commandements aient été pris métaphoriquement jusque vers le 1er ou le 2ème siècle avant notre ère (100 ou 200 ans avant Yeshoua), car il n’y a aucune preuve archéologique de téfilines physiques avant cela.
Alors que les téfilines étaient connus à l’époque de Yeshoua, elles n’étaient pas encore obligatoires, nous avons donc encore besoin de savoir ce que Yeshoua en pensait.
Alors que certains commandements doivent être accomplis littéralement, d’autres ne peuvent être compris qu’au sens figuré. Par exemple, Deutéronome 10:16 Yahweh nous commande de circoncire le prépuce de nos cœurs.
Devarim (Deutéronome) 10:16
16 Vous circoncirez donc votre cœur, et vous ne raidirez plus votre cou.
Même si Yahweh nous ordonne de circoncire notre cœur, cela ne peut pas dire qu’on doivent pratiquer une opération à cœur ouvert.
Et d’ailleurs, même s’il y avait hypothétiquement eu une salle d’opération dans le désert du Sinaï, le cœur humain n’a pas de prépuce. Par conséquent, ce verset ne peut être pris que de façon métaphorique ou poétique.
Dans le livre des proverbes également on nous demande de lier les commandements du père sur notre cœur et de les attacher à notre cou.
Mishle (Proverbes) 6:20-21
20 Mon fils, garde les commandements de ton père, et n’abandonne pas l’enseignement de ta mère.
21 Lie-les constamment sur ton cœur, Attache-les à ton cou.
Encore une fois, si les rabbins ordonnent de lier quelque chose sur leur bras et entre leurs yeux, on voit qu’on ne peut pas accomplir ce que demande le proverbes 6.21, on ne peut pas lier des commandements à notre cœur.
Même si aujourd’hui nous sommes capables de mettre un pacemaker dans un coeur humain, cela aurait été compliqué dans les temps anciens. Pourtant l’expression dans le proverbe est le même langage utilisé dans deutéronome.
Devarim (Deutéronome) 6:8
8 Et tu les attacheras sur ta main pour te servir de signe, et ils seront comme un fronteau entre tes yeux.Mishle (Proverbes) 6:21
21 Lie-les constamment sur ton cœur, Attache-les à ton cou.
Dans Proverbes 3, le roi Salomon suggère que nous liions la miséricorde et la vérité autour de notre cou et que nous les écrivions sur les tablettes de nos cœurs. Ceux-ci semblent être encore une fois métaphoriques.
Mishle (Proverbes) 3:3
3 Que la miséricorde et la vérité ne vous abandonnent point : mettez-les comme un collier autour de votre cou, et gravez-les sur les tables de votre cœur :
Comparons maintenant les Proverbes du roi Salomon avec le Shema Israel (spécifiquement Deutéronome 6 : 6-8)
Devarim (Deutéronome) 6:6-8
6 Et ces commandements, que je te donne aujourd’hui, seront dans ton cœur.
7 Tu les inculqueras à tes enfants, et tu en parleras quand tu seras dans ta maison, quand tu iras en voyage, quand tu te coucheras et quand tu te lèveras.
8 Tu les lieras comme un signe sur tes mains, et ils seront comme des fronteaux entre tes yeux.
Il y a tellement de parallèles entre proverbes 3 et Deutéronome 6, qu’il semble probable que le roi Salomon ait dû utiliser le Shema comme source d’inspiration pour les Proverbes 3 et 6.
Cela semble raisonnable puisque non seulement il n’y avait pas de lois sur les droit d’auteur dans l’ancienne foi, au contraire le plagiat était considéré comme un compliment. (Comme il est dit : « L’imitation est la forme la plus sincère de flatterie. ») Dans les temps anciens, on pensait qu’il était sage d’imiter ou de ressembler aux grandes œuvres existantes (afin de s’approprier leur sagesse). Dans cette optique, quoi de plus sage que d’imiter les paroles de Yahweh ?
Si nous pouvons accepter que le roi Salomon a utilisé le Shema comme source d’inspiration pour les Proverbes 3 et 6, remarquons que tandis que le roi Salomon dit de lier et d’attacher les paroles de nos parents sur nos cœurs et sur nos cous , il l’entend comme une figure de style. Il n’y a aucune mention de liaison physique (comme pour les téfilines). Le but n’était pas de faire des boîtes littérales remplies de transcriptions des paroles de nos parents. Il s’agissait plutôt de chérir leurs instructions et de les garder.
Par ailleurs, cette expression de lier quelque chose sur notre main et entre nos yeux revient deux fois dans exode 13.
Shemote (Exode)13:7-10
7 On mangera des pains sans levain pendant ces sept jours et l’on ne verra chez toi point de pain levé, et l’on ne verra chez toi point de levain, dans tout ton territoire.
8 Et en ce jour-là tu donneras à ton fils cette explication : C’est à cause de ce que l’Éternel a fait pour moi à ma sortie d’Égypte.
9 Et cela sera pour toi un signe sur ta main et un mémorial entre tes yeux, afin que la loi de l’Éternel soit en ta bouche : car l’Éternel t’a fait sortir d’Égypte à main forte.
10 Tu observeras cette prescription au temps marqué d’année en année.
On voit bien ici que le signe sur la main et le mémorial entre nos yeux ce ne sont pas les téfilines, mais plutôt de se rappeler d’année en année de manger des pains sans levains pour se rappeler la sortie d’égypte. C’est une figure de style pour expliquer que la main doit faire des pains sans levain et la mémoire entre nos yeux donc notre cerveau doit se rappeler de ces choses. En effet les commandements sont à la fois dans l’action avec la main et doivent aussi être dans notre mémoire, donc dans notre cerveau entre nos deux yeux.
Parlons maintenant de la bible la septante.
La Septante grecque était une traduction officielle du Tanakh (ancienne alliance) en grec. Il a été traduit environ 200-300 avant notre ère. Dans la Septante, le mot totafot est le mot asaleutos (ἀσάλευτον), signifiant immobile. Par conséquent, « totafot entre vos yeux » est compris comme signifiant « immobile devant vos yeux ». Cela semble aussi être une métaphore, comme si Yahweh s’attendait à ce que nous placions ses paroles devant nous d’une manière inébranlable. Il ne semble pas faire référence à de petites boîtes en cuir noir (ou autres amulettes) qui peuvent être attaché puis enlevées.
Amulettes en Grèce antique et en Israël
Dans le Moyen-Orient de l’antiquité, on pensait que l’univers était rempli de nombreux (faux) dieux, et les gens cherchaient souvent à gagner la faveur de leurs faux dieux en utilisant des statues, des figurines, des idoles et des amulettes. Par exemple, le père de Rachel, Laban, avait des idoles domestiques.
B’reisheet (Genèse) 31:19
19 Tandis que Laban était allé tondre ses brebis, Rachel déroba les théraphim de son père ;
Cependant, Yahweh dit que nous ne devons pas nous tourner vers des idoles ou nous fabriquer des dieux de fonte.
Vayiqra (Lévitique) 19:4
4 Vous ne vous tournerez point vers les idoles, et vous ne vous ferez point des dieux de fonte.
En hébreu, le mot pour un dieu est elohim, et ce mot fait référence à un puissant, ou un pouvoir spirituel qui peut donner des faveurs, de la force, une longue vie ou d’autres bénédictions. C’est effectivement ce que sont les amulettes : des objets fabriqués par l’homme qui sont conçus pour donner au porteur une faveur surnaturelle avec des dieux invisibles.
Il y avait de nombreux dieux dans le panthéon grec et il était courant de porter des amulettes pour gagner leur faveur. Ceci est important pour nous, car les Macédoniens (Grecs) ont envahi la terre d’Israël sous Alexandre le Grand, et Israël était sous la domination macédonienne (grecque) lorsque les premiers téfilines auraient été crés (vers 100-200 avant notre ère). Il est donc probable que les amulettes aient été apportées lors de la domination grecque, car les dates correspondent avec les découvertes archéologiques des premiers téfilines.
En grec, à partir du IVe siècle avant notre ère, ces amulettes étaient connues sous le nom de periapta ou periammata , ce qui signifie « choses liées autour ». Cela ressemble beaucoup à la définition (probablement incorrecte) de Strong pour totafot.
Les amulettes peuvent inclure des éléments tels que des cordons, des bracelets, des écharpes, des pendentifs, des bagues ou des colliers. Ils étaient généralement attachés autour d’une partie du corps (comme un bras, une jambe, le cou ou la tête) ou attachés à des vêtements. Ils contenaient aussi souvent du texte.
Amulettes rabbiniques et Téfilines
Les amulettes sont courantes dans le judaïsme rabbinique. Nous devrions étudier de près l’affection des rabbins pour les amulettes parce que les amulettes apparaissent fréquemment dans les premiers écrits rabbiniques, généralement aux côtés des téfilines.
Mais qu’est-ce qu’un amulette me direz vous ?
« C’est un petit objet qu’on porte sur soi par superstition, pour se préserver de dangers, etc. »
Donc a priori cela nous éloigne de la foi en Yahweh et donc normalement Elohim est fortement opposé à ce genre de superstition, car c’est un Elohim jaloux.
Pourtant dans le judaïsme, les amulettes sont représentées sous un jour positif. Par exemple, dans la Mishna, dans le Traité Kelim, on nous dit que si une amulette ou des téfilines sont déchirés, celui qui touche (ou utilise) l’amulette déchirée devient impur, mais celui qui touche leur contenu reste propre.
Si une boule, un moule, une amulette ou des téfilines sont déchirés, celui qui les touche devient impur, mais celui qui touche ce qu’ils contiennent reste pur. [Mishna, Traité Kelim, Chapitre 23:1]
Ce passage nous dit que le contenu des amulettes est bon. Cependant, je ne crois pas qu’une amulette soit vraiment du goût de Yahweh.
Téfilines, phylactères et amulettes
Comme nous l’avons vu précédemment, Yeshoua mentionne les téfilines dans l’Alliance Renouvelée (Nouveau Testament) en Matthieu 23:5, où Il semble critiquer les Pharisiens pour avoir porté leurs phylactères afin d’impressionner les hommes.
Mattityahu (Matthieu) 23:5
5 Ils font toutes leurs actions pour être vus des hommes. Ainsi, ils portent de larges phylactères, et ils ont de longues franges à leurs vêtements.
Le mot pour phylactères est phulakterion, qui est le Strong n°5440.
un moyen de protection, amulette, talisman. Bande de parchemin sur laquelle étaient inscrits de brefs passages de la loi de Moïse : Exode 13.1-10, 11-16 ; Deutéronome 6.4-9, 11.13-21, placés dans de petites boites, sur le front ou au bras gauche.
Dans le manuscrit grec, Yeshoua semble parler d’amulette, quelque chose sur lequel s’appuyait les hommes pour se sentir protégé. Cela ressemble fort à l’esprit pharisien qui mettait sa foi dans les choses matérielles pour leur salut, plutôt que dans la foi en Yahweh.
Yeshoua n’était pas contre le fait qu’on veuille garder ses commandements. Pour les tsitsit nous l’avons vu dans l’enseignement passé, il les portaient. Il a juste repris les pharisiens car ils obéissaient mal en ayant de trop longues tsitsit, pour être vu.
Pareil pour le commandement de garder les commandements dans notre coeur, sur notre main et entre nos yeux. Yeshoua est content si on garde ses commandements dans notre coeur, dans nos regards (yeux) et dans nos actions (bras). Par contre ils étaient contre la façon dont les pharisiens obéissaient à cette demande de façon purement matérielle.
Parlons à présent des plus anciennes amulettes de l’histoire.
Les premières amulettes connues ont été trouvées en Égypte. Elles ont été datées au plus tard du 8eme siècle avant notre ère. Des amulettes puniques-phéniciennes avec des inscriptions dans des capsules ont été trouvées dans des tombes et d’autres endroits à Carthage (Afrique du Nord) et en Sardaigne, et elles datent du 7eme au 5e siècle avant notre ère. Il y avait aussi deux amulettes hébraïques en argent trouvées dans un site funéraire de Jérusalem, que les archéologues datent d’environ le septième ou sixième siècle avant notre ère. Les archéologues ont également trouvé une feuille de métal avec des inscriptions placées sur des cadavres, qui datent d’environ 400 à 330 avant notre ère. On pense que celles-ci ont peut-être été placées sur les cadavres pour protéger les morts des enfers.
Bien que les amulettes aient d’abord été utilisées sur les morts, au fil du temps, elles sont devenues largement utilisées par les vivants. Les Romains aimaient la culture grecque et les amulettes étaient largement portées par les Romains à l’époque de Yeshoua. Alors que certaines amulettes étaient destinées à guérir des conditions médicales spécifiques, d’autres portaient une inscription pour une protection générale ou pour donner une longue vie. Ces sortes d’amulettes étaient sûrement portées par les soldats romains et les fonctionnaires occupant la terre d’Israël.
Parlons maintenant des Téfilines comme étant une amulette pour obtenir une longue vie
Comme nous l’avons noté précédemment, les premiers téfilines connus ont été trouvés parmi les manuscrits de la mer Morte à Qumrân. Ils ont été datés par les archéologues peut-être aussi loin que le 1er ou le 2ème siècle avant notre ère. Cependant, ils étaient différents des téfilines rabbiniques modernes désormais standardisés. Par exemple, certains contenaient les Dix Commandements. Cependant, les téfilines de Qumran étaient clairement conçus pour être portés comme des amulettes, leur but étant de recevoir, soit une longue vie, soit une faveur céleste.
Un parchemin spécial de téfiline connu sous le nom de 4Q Phyl N comporte un texte de la Paracha Haazinou, également appelé le cantique de Mosheh. Mais pourquoi un Juif ancien porterait-il des téfilines avec un parchemin contenant une partie du Cantique de Mosheh ?
Alors que les chrétiens ont tendance à penser en termes de « textes de preuve », les juifs ont tendance à penser en termes d’histoires. Par exemple, quand on se réfère aux deux citations de l’Exode concernant les téfilines (Exode 13:9 et Exode 13:16), l’esprit juif pense à l’histoire de la Pâque, au premier exode et aux promesses qui concernent ceux qui gardent la Pâque. De même, Deutéronome 11:18 rappelle les bénédictions sur le prolongement de nos jours contenues trois versets plus loin, au verset 21.
Devarim (Deutéronome) 11:21
21 Et alors vos jours et les jours de vos enfants, dans le pays que Yahweh a juré à vos pères de leur donner, seront aussi nombreux que les jours des cieux le seront au-dessus de la terre
Comparons maintenant cela au texte du Cantique de Mosheh.
Devarim (Deutéronome) 32:47
47 Car ce n’est pas une chose sans importance pour vous ; c’est votre vie, et c’est par là que vous prolongerez vos jours dans le pays dont vous aurez la possession, après avoir passé le Jourdain.
Ce que cela suggère, c’est que pour les tous premiers téfilines créés, certains des versets ont été sélectionnés sur la base de l’espoir que le port d’une telle amulette apporterait la faveur d’Elohim, et qu’Il accorderait alors une longue vie et de long jours. Cependant, comme Elohim ne commande pas cela, cela semble être une pratique païenne adoptée qui a été introduite dans la forme d’un culte rabbinique après l’occupation macédonienne (grecque) de la terre.
Mezouzot comme amulettes
Nous parlerons des mezouzot (pluriel de mezouzah) plus en détail dans la prochaine étude, mais nous devons mentionner que Deutéronome 11:18-21 comprend également le verset 20, que le frère Juda interprète comme le commandement de placer des mezouzot sur les montants de porte de leurs maisons et leurs portes. Nous en reparlerons plus en détails, mais les amulettes pour les maisons étaient auparavant utilisées dans la culture mésopotamienne (et ailleurs).
La mezouzah pourrait servir d’amulette pour protéger la maison, ainsi que ceux qui y habitent (à savoir, les femmes et les enfants). Dans cette optique, les téfilines pourraient être considérés comme une mezouzah pour le corps, c’est-à-dire comme une amulette conçue pour protéger le porteur lorsqu’il est éloigné de la prétendue protection de l’amulette de la maison. Cela aide également à expliquer pourquoi les anciens téfilines étaient tellement plus petits que les téfilines d’aujourd’hui, de sorte qu’ils pouvaient être portés pour se protéger toute la journée.
Bien que les anciens téfilines aient pu être portés pendant la journée, ils n’étaient pas portés la nuit, peut-être parce que le porteur était à nouveau sous la prétendue protection de l’amulette de la maison (mezouzah).
Pourquoi les Téfilines ne sont pas portés le Shabbat
Le judaïsme dit que la raison pour laquelle les téfilines ne sont pas portés le Shabbat est qu’ils servent de témoin, et le Shabbat est en soi un témoin, et donc ils ne sont pas nécessaires. Cependant, cela n’a pas beaucoup de sens si l’on interprète littéralement le commandement de lier un signe sur sa main.
La véritable raison pour laquelle les téfilines ne sont portés que pendant la semaine est peut être liée à l’interdiction rabbinique de porter quoi que ce soit le Shabbat comme le rapporte la Mishnah.
Mishnah Shabbat 6:2
Un homme ne peut pas sortir le Chabbat avec une sandale à pointes, comme cela sera expliqué dans la Guemara. Et il ne peut pas sortir avec une seule sandale s’il n’a pas de blessure au pied. Et il ne peut sortir ni avec des phylactères, ni avec une amulette lorsqu’elle n’est pas d’un expert, mais qu’elle a été écrite par quelqu’un qui n’a pas acquis une réputation d’expert dans l’écriture d’amulettes efficaces pour ceux qui les portent.
Dans ce passage on parle de phylactères et d’amulettes. Apparemment les amulettes étaient portées couramment sans que cela ne pose de problème à personne. Ce passage de la Mishna discute même de leur efficacité.
Qu’est-ce que Yeshoua a vraiment dit ?
Considérons maintenant à nouveau ce que Yeshoua a vraiment dit dans Matthieu 23:5.
Mattityahu (Matthieu) 23:5
5 Ils font toutes leurs actions pour être vus des hommes. Ainsi, ils portent de larges phylactères, et ils ont de longues franges à leurs vêtements.
Il y a plusieurs façons de lire cela. Une façon est de penser que Yeshoua aurait approuvé les petits phylactères et aurait seulement critiqué les pharisiens pour avoir agrandi les leurs (et en comparaison avec les anciens téfilines, les téfilines d’aujourd’hui sont comparativement très grands).
Une autre façon est de penser que Yeshoua se moquait d’eux parce qu’ils portaient des phylactères. C’est-à-dire qu’il s’est peut-être moqué d’eux parce qu’ils « fabriquaient de très grands téfilines » afin que les hommes puissent les voir et attirer leur attention. Yeshoua a dit que c’était le genre de chose que les hypocrites font pour attirer l’attention.
Considérez comment Yeshoua a dit que les hypocrites sonnaient du shofar avant de faire un acte de charité, afin qu’ils puissent être glorifiés par les hommes. C’est exactement ce qui se passe aujourd’hui avec ceux qui se filment en donnant pour faire le buzz sur les réseaux sociaux.
Mattityahu (Matthieu) 6:1-4
1 Gardez-vous de pratiquer votre justice devant les hommes, pour en être vus ; autrement, vous n’aurez point de récompense auprès de votre Père qui est dans les cieux.
2 Lors donc que tu fais l’aumône, ne sonne pas de la trompette devant toi, comme font les hypocrites dans les synagogues et dans les rues, afin d’être glorifiés par les hommes. Je vous le dis en vérité, ils reçoivent leur récompense.
3 Mais quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ne sache pas ce que fait ta droite,
4 afin que ton aumône se fasse en secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra.
Pour conclure, reprenons ce qu’a dit Yeshoua dans Matthieu 23.
Mattityahu (Matthieu) 23:5
5 Ils font toutes leurs actions pour être vus des hommes. Ainsi, ils portent de larges phylactères, et ils ont de longues franges à leurs vêtements.
Nous savons que Yeshoua avait des franges, car la femme atteinte de pertes de sang les a touché et a été guérie.
Yeshoua n’était donc pas contre les franges, il était par contre opposé à l’interprétation pharisienne de ce commandement.
Yeshoua n’a pas porté de téfilines. Yeshoua a quand même gardé ce commandement d’attacher les paroles de Yahweh dans toutes ces actions donc métaphoriquement sur ses mains, et il a gardé les paroles de Yahweh dans sa mémoire, c’est-à-dire métaphoriquement entre ses deux yeux.
Yeshoua a toujours été contre le fait d’exposer son obéissance. On peut obéir sans pour autant le montrer physiquement.
Mattityahu (Matthieu) 6:16
6 Lorsque vous jeûnez, ne prenez pas un air triste, comme les hypocrites, qui se rendent le visage tout défait, pour montrer aux hommes qu’ils jeûnent. Je vous le dis en vérité, ils ont leur récompense.
Yeshoua n’avait pas besoin de rajouter un objet sur lui pour montrer son obéissance. De plus, les téfilines ou les amulettes sont utilisés pour un sentiment de protection et de superstition, qui est une attitude idolâtre, qui ne correspond pas non plus à l’enseignement de Yeshoua.
Voilà pourquoi les Nazaréens ne devraient pas les porter aujourd’hui.
Cet enseignement est tiré de l’enseignement ”Why We Do Not Bind Tefillin” du frère Norman Willis.