Quelle bible choisir ?

On me demande très régulièrement : Benjamin, quelle est la bonne version de la Bible ? Ou alors Benjamin, quelle Bible utilises-tu ?  En effet il y a un apriori qui est très répandu chez les croyants, cette idée qu’il existe une version de la Bible meilleure que les autres, une sorte de version ultime qui surpasse toutes les autres. Malheureusement, et cela va en décevoir certains, mais je n’utilise pas une version en particulier. On va dire que je les utilise toutes, cela dépend du contexte.

Dans le passé je conseillais la version la plus littérale, la Chouraqui. Avec le recul, je ne sais pas si c’est un bon conseil, car souvent les gens n’utilisent plus que cette version et aucune autre, mais le problème c’est qu’ils peuvent comprendre de travers et parfois peuvent inventer des doctrines.

Comme nous l’avons vu dans l’enseignement sur le messianisme, il y a un problème, c’est peut être qu’on a donné l’impression aux croyants qu’ils peuvent tout comprendre d’eux-même, et que finalement les enseignants ou les bergers ne sont plus vraiment utiles de nos jours. 

Je ne dis pas que la lecture et l’étude biblique sont réservées aux enseignants, mais je crois qu’il est bon d’avoir un enseignant pour comprendre des passages compliqués des écritures.

Je crois qu’une version en français courant est très bien pour simplement lire la Bible de façon journalière. Après si on désire creuser un passage il y a des outils, mais entre les mains de novices, cela peut être pire que mieux. C’est bien pour cela que Yahweh a donné plusieurs ministères, pasteur, évangéliste, enseignant, prophète et apôtre. Cela nous montre que l’étude approfondie de la parole n’est pas forcément donnée à tout le monde.

Outre la version Chouraqui, la version Stern également est très répandue chez les croyants nazaréens, c’est une version qui est certes agréable, car on retrouve beaucoup de noms en version originale, comme le nom de Yeshoua (Jésus), ou le nom des apôtres, Kepha (Pierre), Shaoul (Paul) etc. et donc avec cette version l’immersion dans les évangiles est vraiment plus profonde, on se sent beaucoup plus connecté au récit.

Mais il ne faut pas oublier que c’est une version messianique. Et donc l’influence messianique peut parfois devenir un problème. 

Par exemple dans cette version Stern quand il parle de l’assemblée, c’est n’est pas traduit par assemblée, mais par l’assemblée messianique. Sous entendu que ce sont les messianiques qui étaient la première communauté de croyants en Yeshoua.

Actes 8:1 (Version Stern)
1 Le même jour commença une violente persécution contre la communauté Messianique de Yéroushalayim.

Vous allez me dire, ce n’est pas grand chose d’ajouter un mot aux écritures. En réalité c’est très grave de faire cela. Même les écritures nous préviennent de ne pas le faire sous peine de graves sanctions. Donc Stern ajoute un mot aux écritures dans ce passage, en effet dans le manuscrit grec il est juste écrit l’assemblée de Yéroushalayim sans aucune précision si l’assemblée est messianique, protestante, catholique ou orthodoxe.

Actes 8:1 (Version Lausanne)
1 Or en ce jour-là il y eut une grande persécution contre l’assemblée qui était à Jérusalem.

Donc vous voyez, il y a des ajouts pour faire croire que les messianiques sont la véritable dénomination des apôtres du premier siècle. Ce qui en plus est faux.

Mais bon ce défaut de la traduction Stern finalement nous pourrions la retrouver dans n’importe quelle autre traduction, influencée par telle ou telle doctrine.

Dans la version Segond qui était protestant, lui va traduire par l’église avec un grand E.

Actes 8:1 (Version Segond)
1 Il y eut, ce jour-là, une grande persécution contre l’Église de Jérusalem.

Mais dans la version littérale Chouraqui, ce sera traduit plus simplement par 

Actes 8:1
1 Et c’est, en ce jour-là, une grande persécution contre la communauté de Ieroushalaîm.

Donc vous voyez, il n’y a pas de version parfaite, c’est vraiment au cas par cas, verset par verset qu’il faut étudier la parole d’Elohim. Nous pouvons trouver des pièges un peu partout.

Mais on voit dans l’ensemble que toutes les dénominations essaient de tirer la couverture dans leur sens, quand il s’agit de traduire tel ou tel verset. C’est ce qui s’appelle voir midi à sa porte.

Donc voilà je déconseille cette version Stern car il ajoute certains mots dans le texte.
Malgré qu’il fasse l’effort de traduire avec tous les vrais noms hébreux des apôtres ou du Messie, je lui reproche également de ne traduire les mots Dieu (Theos) ou Seigneur (Kurios) systématiquement.

Parfois quand c’est écrit Theos, tantôt il traduit par Dieu, tantôt il traduit par Adonaï. Une seule traduction aurait été préférable, car nous savons que Dieu se dit Elohim en hébreu. 

Pour le mot Kurios, il traduit tantôt par le Seigneur, tantôt par Adonaï. Il aurait été préférable de dire Adonaï systématiquement comme s’est utilisé dans l’hébreu.

Et évidemment Stern suit l’enseignement rabbinique en ne traduisant jamais le nom du tétragramme : Yahweh. L’influence rabbinique est donc présente dans cette traduction; comme elle est présente dans le mouvement messianique.

Mais encore une fois c’est normal, car le mouvement messianique comme nous en avions déjà parlé dans la dernière vidéo, est un mouvement en transition entre protestantisme et la foi originelle nazaréenne. C’est donc normal que Stern n’aillent pas à fond dans sa démarche de donner tous les vrais noms hébreux, il garde certaines habitudes chrétiennes de dire Seigneur ou Dieu pour parler de Yahweh.

Si vous l’utilisez malgré mes avertissements, prenez garde à l’ajout de certains mots. 

J’utilise quant à moi beaucoup de sites internet comme l’évangile.com, qui permet d’avoir à disposition 39 traductions différentes, d’avoir accès aux mots originaux avec le Strong. Il y a encore d’autres applications et outils, mais encore une fois, il faut beaucoup de recul et d’expérience pour utiliser ces outils avec sagesse.

Je me rappelle un frère qui me parlait d’un verset dans la version Chouraqui.

Deutéronome 15:22 (Chouraqui)
22 Tu le mangeras dans tes portes, le contaminé et le pur ensemble, comme gazelle et cerf.

C’est vrai qu’en lisant cette version on a l’impression qu’il dit qu’on peut manger de la viande contaminée, c’est-à-dire impure. Si on regarde une autre traduction, on se rend compte qu’on ne parle pas de la viande, mais de l’état d’impureté de celui qui en mange.

J’ai dis au frère, change de version, parce que sinon tu vas tout comprendre de travers. Je conseille de ne pas se lancer dans l’étude biblique sans aucune base, c’est toujours mieux d’avoir un enseignant dont c’est le ministère de faire des études bibliques.

Encore une chose à noter et pas des moindres, c’est que toutes nos traductions françaises dépendent des manuscrits grecs, en tout cas pour la partie des écrits nazaréens de l’alliance renouvelée.

Le problème c’est qu’il existe plusieurs manuscrits grecs, nous en avions déjà parlé dans plusieurs enseignements, notamment avec le passage de Marc 16. Certains manuscrits s’arrêtaient au verset 8 et d’autres manuscrits plus récents ont des versets ajoutés.

Parfois nous voyons que pour une même version, notamment la version Segond, une édition sera traduite du manuscrit majoritaire et une autre édition sera traduite du manuscrit minoritaire. Donc vous pouvez vous retrouvez avec deux bibles Segond qui ont des versets différents alors que c’est le même traducteur.

Le texte majoritaire est appelé ainsi, car on a retrouvé beaucoup de copies de ce manuscrit et le texte minoritaire, et bien on a trouvé moins de copies forcément.

La Louis Segond version Esaïe 55 avec les couvertures rouge et verte, sont issues du manuscrit majoritaire, alors que la version Esaïe 55 couverture bleu est issue du manuscrit grec minoritaire.

Il y a quelques versets qui sont différents d’un manuscrit à un autre. Par exemple

Apocalypse 22:14 (Manuscrit minoritaire)
14 Heureux ceux qui lavent leurs robes, afin d’avoir droit à l’arbre de vie, et d’entrer par les portes dans la ville !

Apocalypse 22:14 (Manuscrit majoritaire)
14 Heureux ceux qui gardent les commandements, afin d’avoir droit à l’arbre de vie, et d’entrer par les portes dans la ville !

Donc encore une fois, il n’existe pas de version parfaite. Il y aura toujours un verset ou l’autre qui sera mal traduit. Mais dans l’ensemble, les textes traduits sont assez fiables.

Si malgré tout vous tombez sur un passage difficile à comprendre, le mieux c’est toujours de comparer plusieurs traductions, car chaque traducteur est influencé par sa propre doctrine, qu’il soit catholique, protestant, orthodoxe, messianique etc. …

Et puis il faut comprendre que parfois un mot peut être traduit de plusieurs façons différentes. Donc quand on a un passage douteux, c’est bien de regarder le mot en grec ou en hébreu directement. Et surtout regardez comment il est traduit dans d’autres passages. Parfois on a des surprises de voir comment le traducteur s’éloigne de l’original et comment il prend certaines libertés.

Outre les mots qui sont parfois mal traduits, il y a aussi les temps, la conjugaison. Le traducteur choisit parfois de conjuguer au passé comme ici dans cette version Louis Segond.

Colossiens 2:17
17 C’était l’ombre des choses à venir, mais le corps est en Christ.

Dans beaucoup d’autres traductions, le traducteur utilise le présent.

Colossiens 2:17
17 Ce n’est que l’ombre de ce qui vient ; mais le corps, c’est le messie.

Évidemment vous aurez reconnu le passage de Colossiens 2:17, sur lequel beaucoup de chrétiens s’appuient sur la version conjuguée au passé pour croire que le shabbat est quelque chose d’ancien et donc qu’il ne faut plus le pratiquer aujourd’hui.

Si on lit le passage conjugué au présent, alors cela nous donne une toute autre compréhension.

Heureusement que des outils comme le Strong nous informe que le verbe est bien conjugué au présent dans le manuscrit grec.

Donc attention également au temps qu’utilisent nos chers traducteurs français.

Il faut également comprendre qu’une traduction reste quelque chose de très limitée. Vous connaissez peut-être le vieil adage italien : Traduttore, traditore ce qui signifie, traduire c’est trahir.

On dit souvent une traduction c’est une trahison. Il faut comprendre qu’une langue représente parfois une façon de penser et même une certaine culture. La façon de penser hébraïque est parfois en décalage avec notre façon de voir les choses à la française. Et notre pensée occidentale est parfois à des années lumière de la pensée orientale sémitique des écritures.

Donc quand nous lisons le Tanakh, nous passerons forcément à côté de beaucoup de concepts hébraïques. Pareil pour les écrits nazaréens de l’alliance renouvelée. Les experts et les chercheurs savent en étudiant les manuscrits grec, qu’ils ne sont pas les originaux, car beaucoup d’expressions et de tournure de phrase sont révélatrices de la pensée hébraïque. Donc les érudits estiment que les originaux étaient écrits en hébreu ou en araméen. Les manuscrits grec de l’alliance renouvelée sont donc déjà des traductions. Et c’est logique car l’hébreu étaient la langue maternelle des apôtres et des disciples. 

Malheureusement on doit se contenter des manuscrits grecs, car nous n’avons plus les originaux hébreux aujourd’hui. Même la version en araméen, qu’on appelle la Peshitta, est probablement une traduction du grec.

Pour terminer,  je dirais qu’on veut tous avoir accès à la vérité quand nous lisons la parole. Mais il est aussi bon de réaliser que notre langue, notre culture et le formatage de notre cerveau francophone nous limitent pour la pleine compréhension des écrits inspirés par Yahweh.

Mais en réalité c’est une bonne chose, car cela permet de nous faire comprendre que notre situation actuelle n’est pas normale. Nous ne sommes pas censés être intégrés et dispersés dans les nations. Nous ne devrions pas embrasser la culture de notre pays sans retenue comme beaucoup le font aujourd’hui par patriotisme. Nous sommes censés parler et penser hébreux et vivre en terre d’Israël.

Cela dit, malgré cet état de fait, nous avons déjà accès à énormément de choses en lisant les traductions françaises. Mais il faut rester humble et accepter que certaines choses nous échappent encore.

Donc pour conclure, non, il n’existe pas de version française parfaite. Et même les manuscrits grec ne sont pas tous parfaits. Ce qui est parfait c’est l’Esprit Saint qui a inspiré tous ces hommes pour nous faire parvenir la parole aujourd’hui.

Même les juifs qui ont pourtant la culture et la langue hébraïque à leur disposition se sont permis d’ajouter beaucoup de choses à la parole d’Elohim.

Mais sans l’Esprit Saint, leur écrits comme le Talmud, ne vaut pas grand chose. Donc même si vous décidez d’apprendre la langue et la culture hébraïque, ce n’est absolument pas la garantie que vous pourrez mieux comprendre les écritures. Ce sont des choses utiles, il est vrai, mais ce n’est pas la seule chose qui nous rapproche de Yahweh, c’est aussi et surtout son Esprit, qu’on soit français ou hébreu.

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